Une décennie marquée par l’adaptation et l’innovation
Le secteur du tourisme, de l’événementiel et des voyages d’affaires a connu une décennie de profondes transformations entre 2014 et 2024. Cette période a été marquée par la montée en puissance des technologies numériques, l’émergence de nouveaux comportements des consommateurs et l’impact de crises mondiales majeures. En 2024, la France connaît un record historique, attirant 100 millions de visiteurs internationaux (source : economie.gouv.fr), soutenue par des événements d’envergure comme les Jeux Olympiques et Paralympiques.
Comment en est-on arrivé là ? Quelles ont été les grandes étapes qui ont redéfini ces secteurs ? Dans cet article, nous explorons les faits marquants qui ont façonné cette décennie et le secteur du travel.
Cet article fait partie de notre série sur les 40 ans de l’ESCAET et revient sur les faits marquants au cours des quatre dernières décennies.
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La révolution digitale : IA, big data et plateformes de réservation

L’intelligence artificielle (IA) et les technologies numériques ont profondément transformé l’expérience de voyage au cours de la dernière décennie. Des plateformes comme Airbnb, Booking.com ou Google Travel ont utilisé le Big Data pour proposer des recommandations de voyage hyper-personnalisées basées sur le comportement des utilisateurs. En 2019, 75 % des utilisateurs déclaraient suivre ces suggestions pour organiser leurs séjours (source : Booking.com).
Dans le même temps, les chatbots et assistants vocaux comme Siri, Alexa ou Google Assistant ont facilité la planification, rendant la réservation de voyages plus fluide. Ce marché pesait 11 milliards de dollars en 2021, et devrait atteindre 19 milliards en 2025 (source : Juniper Research).
L’automatisation hôtelière a aussi connu une accélération. Les chaînes comme Marriott ont déployé des clés numériques, tandis que le check-in sans contact est devenu la norme depuis la pandémie. En 2020, 30 % des hôtels dans le monde offraient ces technologies (source : Statista).
Parallèlement, les événements hybrides, combinant présentiel et virtuel, ont vu leur popularité exploser, notamment en raison de la pandémie. Avec la généralisation des plateformes comme Zoom, passées de 10 à 300 millions d’utilisateurs quotidiens entre 2019 et 2020, les organisateurs ont trouvé une nouvelle manière de rassembler à grande échelle (source : Eventbrite, 2021).
Les réseaux sociaux : l’ère du tourisme “instagrammable”

Instagram, TikTok et YouTube sont devenus de véritables moteurs d’inspiration touristique. Les voyageurs ne se fient plus aux brochures mais aux contenus viraux. Résultat ? Des destinations comme Santorin, Bali ou la Cappadoce se sont imposées comme symboles du tourisme instagrammable. Cependant, cette omniprésence des réseaux sociaux a aussi conduit à une forme de tourisme de masse parfois peu durable, où certaines destinations peinent à gérer l’afflux excessif de visiteurs attirés par leur popularité en ligne.
Les influenceurs voyage ont redéfini le marketing des destinations, en mettant en scène des expériences immersives, des hôtels design ou des retraites bien-être. Mais derrière l’esthétique, des critiques émergent : manque d’authenticité, sur-tourisme, injonction au « rêve ».
C’est dans ce contexte que des start-ups comme Sankofa Travel Studio, incubée chez Provence Travel Innovation, émergent. Fondée par Mélany Fabre, Sankofa Travel Studio, collabore avec des créateurs de contenu et des personnalités publiques pour organiser des voyages uniques avec leur communauté, sans qu’ils aient à gérer la logistique. Chaque voyage est conçu pour créer des liens réels entre les participants et les populations locales, tout en intégrant une action à impact social ou environnemental.
Cette économie des créateurs a profondément changé la relation entre les marques et les voyageurs. Elle exige aujourd’hui plus de transparence, plus d’engagement et une stratégie de contenu alignée sur les valeurs des nouvelles générations de touristes.
La crise du COVID-19 : un bouleversement sans précédent

Le COVID-19 a représenté un séisme mondial. En 2020, le tourisme international chute de 74 % (source : OMT). Les agences ferment, les hôtels se vident, les événements sont annulés en masse. Mais dans cette période sombre, le tourisme de proximité renaît, et les habitudes de consommation changent durablement.
Les tour-opérateurs enregistrent une baisse de chiffre d’affaires de 80 % (source : UNWTO), tandis que l’hôtellerie perd 1,3 trillion de dollars (source : WTTC). Le secteur aérien subit, lui, 370 milliards de dollars de pertes (source : IATA).
Mais rapidement, de nouveaux modèles émergent. Le slow travel, les séjours en pleine nature, les voyages en van ou en train gagnent en popularité. En parallèle, le télétravail transforme les hébergements en lieux de vie et de travail hybrides. En 2021, des destinations comme la Grèce ou l’Espagne enregistrent une croissance de 50 % par rapport à l’année précédente (source : European Travel Commission). Concernant, la mobilité, la reprise a commencé en 2021 avec une augmentation de 50% du nombre de passagers par rapport à 2020, mais elle reste en deçà des niveaux d’avant la pandémie. D’autre part, les transports alternatifs comme les VTC et le covoiturage ont connu une forte demande dès 2021, avec une croissance de près de 30% dans certaines grandes villes (source : GlobalData, 2021). Le tourisme n’est plus le même. Il devient plus flexible, plus local, plus réfléchi.
Le tournant écologique : vers un tourisme plus durable

La décennie 2014-2024 marque une montée en puissance du tourisme durable et de la responsabilité environnementale. En 2018, le phénomène flygskam (« honte de prendre l’avion »), né en Suède, alerte sur l’impact du transport aérien. Le Train à Grande Vitesse (TGV) en Europe et les initiatives pour relancer le train de nuit en Allemagne (notamment les trains de nuit de Deutsche Bahn, relancés en 2020) illustrent cette évolution vers un tourisme moins polluant.
À l’échelle mondiale, les entreprises ont progressivement intégré des critères environnementaux dans leurs stratégies. En 2015, l’Accord de Paris sur le climat a marqué un tournant décisif, incitant les entreprises à repenser leurs modèles pour réduire leur empreinte carbone. Les chaînes hôtelières comme Accor et Marriott adoptent des labels éco-responsables, investissent dans les énergies renouvelables et réduisent les déchets.
Le secteur aérien teste de nouveaux carburants comme le SAF (Sustainable Aviation Fuel), pendant que les voyageurs s’orientent vers des expériences locales et immersives : séjours chez l’habitant, retraites bien-être, séjours gastronomiques.
Le slow travel gagne en popularité, symbole d’une nouvelle ère où voyager moins, mais mieux, devient un choix de valeurs.
Ces évolutions ne sont que la partie émergée de l’iceberg : la prise de conscience écologique dans le secteur du tourisme est en pleine expansion, soutenue par des politiques mondiales ambitieuses en matière de développement durable.
Faillites, fusions et concentration du marché (2019-2024)

La disparition de géants comme Thomas Cook en 2019 illustre la vulnérabilité des modèles traditionnels. Cette faillite historique donne le coup d’envoi à une restructuration en profondeur du marché du tourisme.
En France, Marietton Développement multiplie les rachats pour se positionner comme un leader du voyage d’affaires et de l’événementiel. À l’international, American Express GBT acquiert Egencia, l’ex-agence B2B du groupe Expedia.Cette concentration renforce la résilience des grands groupes, mais interroge sur la place laissée aux petits acteurs. La compétition s’intensifie, les barrières à l’entrée augmentent, et pourrait réduire la concurrence et l’innovation dans certains domaines.
Nouveaux modes de travail : coworking et digital nomads

Le télétravail a redéfini le paysage professionnel et touristique. Le phénomène du workation (mélange de travail et vacances) a connu une explosion en 2020 et s’impose dans des villes comme Lisbonne, Barcelone ou les Canaries. Ces destinations attirent des professionnels en quête d’un cadre de travail flexible et agréable. En 2021, Lisbonne devient l’une des meilleures destinations pour le télétravail (source : Nomad List).
Si ce phénomène est bénéfique pour certains endroits, il crée aussi des pressions sur certaines destinations populaires. Dans certaines villes, l’arrivée massive de travailleurs nomades entraîne une hausse des loyers et une pression sur les infrastructures locales. À Lisbonne, les loyers ont augmenté de 10 à 15 % entre 2019 et 2021 (source : Expats Portugal) rendant l’accès au logement plus difficile pour les habitants locaux (source : Expats Portugal, 2021).
Pour répondre à cette demande, l’hôtellerie se réinvente. Des chaînes comme CitizenM et Accor Wojo ont particulièrement investi dans des solutions qui combinent co-living, espace de travail et loisirs. Parallèlement, des start-ups comme Workpackers, incubé chez Provence Travel Innovation, ont vu le jour pour répondre aux besoins spécifiques de ces travailleurs mobiles. Fondée en 2020, Workpackers facilite la recherche de logements et d’espaces de travail adaptés aux digital nomads.
Le tourisme devient alors un mode de vie mobile, fluide, entre travail et exploration.
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Conclusion : une décennie de défis, une industrie en mouvement
Entre révolution digitale, crise sanitaires et virage écologique, la décennie 2014-2024 aura été une période de transformation intense pour le secteur du tourisme, de l’événementiel et des voyages d’affaires. Loin d’être figée, elle démontre sa capacité à se réinventer à chaque étape.
Depuis quatre décennies, l’ESCAET est au cœur de ces mutations, accompagnant les professionnels de demain.
📅 Et pour découvrir comment l’avenir du secteur se dessine, rejoignez-nous pour les 40 ans de l’ESCAET le 6 juin 2025 à Aix-en-Provence !

