Marine Moulard, fondatrice d’une agence de voyages réceptive au Japon
Cette jeune femme a réussi à créer une agence réceptive à Tokyo pour une clientèle française. Marine Moulard raconte son quotidien multi-tâches dans un contexte japonais très différent du notre.
La création d’entreprise n’était pas forcément ma première idée, mais je me suis rendue compte que mes compétences me le permettaient. Alors j’ai lancé ma propre agence réceptive…
Pouvez-vous nous raconter comment vous en êtes arrivée à créer votre entreprise au Japon ?
J’ai effectué mon stage de n d’étude dans une agence réceptive japonaise à Tokyo qui m’a embauchée et j’y suis restée pendant 2 ans. Tout ce que j’ai appris à l’ESCAET m’a servi à devenir vite indispensable dans cette entreprise car personne d’autre ne pouvait faire la connexion avec les différents acteurs du tourisme. Même sans connaître le Japon, ma formation initiale m’a donné des atouts différenciants. Dans ce premier poste, je gérais déjà tout ! J’organisais le travail dans tous les départements, sans avoir de reconnaissance officielle. Ici, au Japon, je cumulais les handicaps : je suis une femme, jeune et étrangère ! Je travaillais donc en back-office dans cette entreprise, sans voir les clients. Je me suis dit que je pouvais travailler pour moi-même plutôt que pour les autres. La création d’entreprise n’était pas forcément ma première idée, mais je me suis rendue compte que mes compétences me le permettaient.
Alors j’ai lancé ma propre agence réceptive Au Fil du Japon en décembre 2015, en m’associant avec un ami qui travaillait dans le milieu de la finance et qui voulait investir dans une création d’entreprise. Mon projet l’a intéressé car le tourisme au Japon suit une évolution favorable et nous avons réuni nos compétences. Nous avons enregistré une bonne première année et la progression est très positive d’ici la fin 2017. Nous sommes six aujourd’hui, dont trois qui proviennent de mon ancienne entreprise.
Votre clientèle est essentiellement française ?
Oui, elle l’est à 90 %. Le reste est francophone : belge, suisse ou canadienne. Nous avons aussi des clients expatriés français en Chine ou en Thaïlande. C’est un choix de notre part car c’est la clientèle que nous connaissons le mieux. Nous savons ce dont elle a besoin et ce qu’elle attend. Nos vendeurs français sont installés au Japon et contactent les clients via internet.
Le contexte du Japon est très particulier. Comment s’est réalisée la création d’entreprise ?
Pour ouvrir une agence, la législation japonaise oblige d’obtenir une licence et cela prend du temps car seul le diplôme japonais est reconnu. Pour respecter cette étape de transition, nous nous sommes associés à une agence locale, enregistrée au Japon.
Assurer la direction générale des activités diversifiées ?
Oui, effectivement. Je gère la production et la tarification des prestations. Je dirige aussi le marketing et la communication, où je suis secondée en ce moment par un stagiaire. Je m’occupe en plus de l’équipe de l’organisation interne et du planning des guides. Et bien sûr, comme tous les collaborateurs, je vais sur le terrain en assurant des accompagnements pour ne pas perdre la main sur la destination. Finalement, je suis à 70 % au bureau et à 30 % sur le terrain.
Cela suppose de l’organisation ?
Oui, il faut bien gérer son temps pour prioriser les tâches. Je suis assez polyvalente, je peux passer facilement d’un dossier à l’autre. J’ai gardé cette habitude de l’école ! Il faut aussi faire preuve d’écoute car il est difficile de gérer des collaborateurs qui n’ont pas tous la même façon de travailler. Il ne faut pas chercher à imposer une seule façon de faire. Enfin, il faut être curieux et prendre du recul par rapport au quotidien. Je suis abonnée à beaucoup de journaux en ligne et je discute avec les équipes dans les agences. Je me renseigne égale- ment via la chambre de commerce et via des associations françaises qui organisent des événements.
Qu’est-ce qui vous fait vibrer dans votre métier ?
La satisfaction du client ! Quand nous mettons en avant une culture, quand nous créons un produit, le remerciement du client est notre meilleure récompense ! Cela signifie qu’on a réussi à le comprendre.
Quels sont les prochains projets de développement sur lesquels vous travaillez actuellement ?
Nous réfléchissons à la création d’un outil CRM qui va nous permettre de concentrer toutes nos activités. L’idée est d’automatiser nos données qui sont répétitives. Cet outil va nous faire gagner du temps. Il est développé localement. De plus, nous aurons très prochainement un site vitrine en français. Nous avons mis en place une étude de marché pour le rendre performant. Enfin, pour échanger avec nos clients, nous utilisons Skype. En fait, nous sommes déjà habitués à dématérialiser les contacts car une partie de l’équipe ne travaille pas dans nos locaux de Tokyo.
Avez-vous un mentor dans le tourisme ?
Mon tout premier maître de stage, Pierre Palléja, chez Akaoka dans la production de voyage m’a fait aimer cette alchimie entre le désir du client et la réalisation d’un voyage. Il m’a apporté cette révélation.
Quel est votre plus beau challenge ?
Je suis arrivée à faire vivre mon projet d’entreprise, juste à deux personnes au début, dans un pays si différent !
Quel est votre pays coup de cœur dans un cadre professionnel ? Et à titre personnel ?
Le Japon, bien sûr ! C’est un plaisir de faire visiter le pays et de faire découvrir sa culture si attachante. Je crois que je n’aurais pas pu vivre ailleurs qu’au Japon. Personnellement, je suis aussi une fan de l’Islande.
Interview extraite du magazine Stratégos n°67.
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